« Scandaleux » : Bell aurait licencié des centaines de travailleuses et de travailleurs au cours de rencontres de groupe virtuelles, selon le syndicat

Bell, qui avait déjà annoncé la suppression de 9 % de ses effectifs, n’a pas fait de commentaires dans l’immédiat.

Par Joshua Chong, journaliste culturel

Le syndicat représentant les employés de Bell a affirmé que mercredi, le géant des télécommunications avait licencié des centaines de ses membres par le biais de rencontres de groupe virtuelles, une décision qu’il a qualifiée de « scandaleuse ».

Dans un communiqué de presse, Unifor a déclaré que plus de 400 travailleuses et travailleurs avaient été informés mercredi avoir été déclarés « excédentaires » par leur employeur. Ses membres en ont été informés lors d'une rencontre virtuelle de 10 minutes, affirme le syndicat, ajoutant qu’un responsable a fait lecture de l’avis de licenciement, « sans donner aux membres ou au syndicat la possibilité d’activer leur micro pour poser des questions ».

« Après avoir consacré des années de service à ce géant des télécommunications et des médias, nos membres sont remerciés par des avis de licenciement, a déclaré dans un communiqué Daniel Cloutier, le directeur québécois d’Unifor. Voilà une façon de faire absolument scandaleuse. »

Ellen Murphy, directrice des communications de Bell, a déclaré jeudi au Star que la société « travaille avec Unifor et d’autres syndicats sur les répercussions pour notre main-d’œuvre syndiquée. Bell a fait preuve d’une grande transparence à l’égard des dirigeantes et dirigeants d’Unifor quant au déroulement de ces discussions, qu’elle a entamées il y a plus de cinq semaines, et l’entreprise a respecté toutes les obligations qui lui incombent en vertu des conventions collectives respectives ».

Mme Murphy a également précisé que les employés licenciés « ont pu rencontrer individuellement un représentant des ressources humaines afin de discuter de leur dossier et de poser des questions ».

Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada, représente environ 315 000 membres dans tout le pays, y compris les employés du Toronto Star, ainsi que plus de 19 000 employés de Bell et de ses filiales.

Le syndicat a fait part de son indignation quant à la manière dont les licenciements ont été menés, poussant la société à modifier son approche pour les prochaines rencontres. Ainsi, des représentantes et représentants d’Unifor seront présents lors des prochaines téléconférences, et les travailleuses et les travailleurs qui y participeront pourront activer leur micro afin de poser des questions.  

Les derniers licenciements suivent l’annonce faite en février par Bell selon laquelle elle supprimait environ 9 % de ses effectifs,, soit quelque 4 800 emplois. Cette décision a été très critiquée, alors que la compagnie venait d’augmenter les dividendes trimestriels versés à ses actionnaires. 

« Il n’est jamais facile de prendre la décision de restructurer nos activités, mais nous devons le faire pour simplifier notre organisation et accélérer notre transformation », avait alors déclaré Mirko Bibic, chef de la direction de Bell, lors d’une conférence téléphonique sur les résultats avec les analystes.

Lana Payne, présidente d’Unifor National, a indiqué que ses membres « vivent dans la crainte d’être convoqués à une rencontre pour apprendre qu’ils ont perdu leur emploi » depuis l’annonce de la suppression de milliers d’emplois faite par Bell au début de l’année,

« La vérité, c’est que Bell a choisi de sacrifier un certain nombre d’employées et d’employés de manière à pouvoir accroître ses dividendes, sans avoir de véritable plan quant aux emplois et aux travailleuses et travailleurs à éliminer, si bien que les licenciements traînent cruellement en longueur », a ajouté Mme Payne. 

Mardi, le syndicat et ses membres se sont mobilisés à Ottawa contre Bell, reprochant à la société de reporter ses audiences prévues au Parlement après avoir été sommée de justifier les suppressions d’emplois

Bell n’en est pas à sa première accusation de procéder à des licenciements de manière impersonnelle et par le biais de téléconférences virtuels. En 2021, le Star avait déjà rapporté que certains employés travaillant pour Bell Media avaient été informés de leur licenciement lors de conférences téléphoniques de quelques minutes.